Bruxisme
Qu’est-ce que le bruxisme?
Le bruxisme est caractérisé par un grincement ou un serrement de dents tandis qu’aucun mouvement de déglutition, de mastication ou d’élocution n’est effectué par l’appareil masticateur (appareil qui sert à manger). Étant donné que ce grincement et ce serrement de dents ne remplissent aucun but précis, le bruxisme est défini comme une parafonction manducatrice.
Un individu qui bruxe peut être appelé « bruxeur ».
Le grincement des dents
Le son caractéristique entendu lors du grincement de dents provient d’un mouvement de frottement latéral ou d’avant en arrière des dents. Dans ce cas, on parle de bruxisme dynamique, car la mâchoire inférieure bouge. Une majorité de gens qui ont déjà entendu un grincement de dents considèrent le son émis comme tout simplement affreux, irritant et inoubliable!
Les gens qui serrent les dents sans les faire grincer émettent peu ou pas de son, car le mouvement impliqué dans le serrement est une pression verticale exercée sur les dents par la force des mâchoires sans mouvement latéral de la mandibule; on parle alors de bruxisme statique. Une personne peut donc souffrir de bruxisme sans émettre de bruit.
En théorie, les dents ne devraient jamais se toucher, mise à part la vingtaine de minutes combinées quotidiennes pendant lesquelles une personne mastique ou avale. Cependant, la situation est bien différente pour une partie de la population qui se retrouve à bruxer.
Incidence
Une grande partie de la population souffrira de bruxisme au moins une fois dans sa vie; pour certains, le bruxisme deviendra un trouble chronique. Presqu’autant d’enfants (14%) que d’adultes et de personnes âgées (11%), aussi bien les femmes que les hommes, en sont affectés sur une base régulière, c’est-à-dire plusieurs fois par semaine.
Le bruxisme a tendance à diminuer avec l’âge selon des études réalisées à ce sujet, le maximum des cas étant répertoriés chez les individus âgés entre 20 et 50 ans.
Le bruxisme : une maladie
Le bruxisme est considéré par plusieurs chercheurs comme une maladie du sommeil à part entière. Il peut potentiellement entraîner d’autres troubles, allant du ronflement à l’apnée du sommeil (arrêts respiratoires durant le sommeil). Certains attribuent même le bruxisme aux problèmes de concentration, autant pour les adultes que les enfants, et aux problèmes d’apprentissage à l’école chez les jeunes.
Les bruxeurs chroniques sont aux prises avec une maladie qui a tendance à empirer avec le temps. En effet, plus un individu serre ou grince ses dents, plus ses muscles masticateurs auront tendance à se crisper. Une augmentation de la crispation de ces muscles peut résulter en un serrement ou un grincement plus important, entraînant la personne dans un cercle vicieux duquel il est très difficile d’en sortir.
Bruxisme nocturne versus bruxisme diurne
80% des bruxeurs sont actifs la nuit (bruxisme nocturne), tandis que les autres 20% bruxent durant le jour (bruxisme diurne). La différence principale entre les deux types de bruxisme est la conscience du geste.
Les bruxeurs diurnes ont un certain contrôle sur les mouvements de leurs mâchoires (mouvement volontaire). Ils peuvent donc se débarrasser plus facilement de leur habitude en identifiant la cause de leur bruxisme et en s’efforçant de relâcher leurs mâchoires lorsqu’ils deviennent conscients du geste afin d’éviter des séquelles.
À l’inverse, les bruxeurs nocturnes grincent ou serrent les dents de façon totalement involontaire, souvent durant leurs périodes de sommeil léger, tandis que les mouvements corporels, et en particulier ceux de la mâchoire inférieure, sont plus fréquents. La pression exercée sur les dents des bruxeurs nocturnes est d’ailleurs plus élevée que celle exercée par les bruxeurs diurnes.
Habituellement, ni le bruit de grincement, ni la pression exercée ne réveille le bruxeur nocturne.
Le bruxisme chez les enfants
Les jeunes enfants, qui ont encore leurs dents primaires, sont aussi affectés par le bruxisme. Ils peuvent grincer ou serrer les dents pendant le jour alors qu’ils partent à la découverte de leurs dents. D’autre part, ils peuvent rechercher un soulagement à la poussée dentaire, ce qui les pousse à serrer des dents pour exercer une contre-pression sur la gencive ou sur les dents qui sont en éruption. Les jeunes enfants peuvent aussi bruxer involontairement durant la nuit pour diverses causes.
Au niveau évolutif, on croit maintenant que le bruxisme permet aux jeunes enfants de se débarrasser tranquillement de leurs dents primaires.
Habituellement, le bruxisme cesse spontanément chez les enfants lorsque leurs dents permanentes apparaissent en bouche. Par contre, les parents d’un jeune bruxeur chronique devraient surveiller ses habitudes de sommeil, car un enfant bruxeur a plus de chances de maintenir cette habitude à l’âge adulte si la cause n’est pas traitée dès le départ.
La plaque occlusale : une solution préventive au grincement des dents
La plaque occlusale, qui est aussi connue sous le nom de plaque articulaire, est une gouttière de plastique transparent qui recouvre les dents supérieures, les dents inférieures, ou les deux dépendamment de la physionomie du bruxeur. Elle est l’appareil le plus souvent utilisé pour protéger les dents de l’usure causée par le grincement et le serrement de dents, ainsi que pour absorber les forces impliquées.
Les causes du grincement des dents
Il existe de multiples causes au grincement ou au serrement de dents; elles font d’ailleurs encore aujourd’hui l’objet de plusieurs études. Les chercheurs ne les ont pas encore toutes identifiées, mais certaines d’entre elles sont maintenant reconnues et acceptées par les professionnels de la santé buccodentaire.
Le stress, l’anxiété, l’hyperactivité et la compétitivité sont souvent reliés au grincement des dents
La cause la plus fréquente semble être les problèmes psychosociaux, qui sont vécus durant le jour qui se manifestent par le stress, l’anxiété, la compétitivité ou encore l’hyperactivité.
Pourquoi des problèmes qui surviennent pendant l’éveil peuvent-ils avoir un impact sur un comportement nocturne? Tout simplement parce que les bruxeurs nocturnes géreraient mal leur stress ou le niveau de stress ressenti serait plus élevé que la moyenne durant le jour.
Il n’est pas si étonnant qu’un grincement ou un serrement de dents puisse survenir involontairement durant le sommeil lorsqu’un individu gère mal son stress, car une des manifestations du stress ressenti durant l’éveil est justement un serrement de dents! En effet, ces mouvements peuvent survenir lorsque la mâchoire inférieure reste tendue au lieu de relaxer durant la nuit tandis que la personne dort.
Une population particulièrement affectée par le bruxisme est d’ailleurs les étudiants lors de leurs périodes d’examens étant donné leur niveau de stress plus élevé que la normale.
La génétique peut expliquer certains cas de bruxisme nocturne
Certains chercheurs s’entendent pour dire qu’une composante génétique peut également expliquer une partie des cas de bruxisme nocturne. On pense qu’un dérèglement au niveau du cervelet (système nerveux autonome) serait à l’origine de ce type de bruxisme.
À l’opposé, la génétique n’entrerait pas en ligne de compte dans le bruxisme diurne, étant donné que le stress ou une concentration extrême lors de l’exécution d’une tâche sont les causes les plus probables du phénomène.
Les habitudes de sommeil et malocclusions dentaires
La plupart des gens qui grincent des dents dorment sur le dos. Cette position permet à la mandibule de reculer et à la langue de se diriger vers le fond de la bouche plus facilement. Ces deux structures coupent alors un peu l’air qui se rend dans les poumons, ce qui cause une baisse d’oxygénation qui peut être à l’origine de l’apparition du bruxisme. Parallèlement, les personnes qui adoptent une respiration buccale seraient également plus à risque de bruxer durant la nuit.
Les individus qui présentent un mauvais alignement dentaire ou une malocclusion importante (engrenage des dents supérieures avec les dents inférieures) sont plus à risque de grincer ou serrer les dents et de les endommager. Les conséquences du bruxisme sont souvent plus importantes chez ces individus.
Traumatismes
Des traumatismes, de nature cervicale ou articulaire, peuvent contribuer à déclencher le bruxisme chez certains individus. Ces traumatismes peuvent être causés par un coup de fouet (« whiplash »), un accident de voiture ou de multiples anesthésies générales nécessitant des intubations qui peuvent affecter négativement les articulations temporo-mandibulaires (ATMs) d’un individu.
Certains médicaments augmentent les chances de bruxisme
Enfin, certains médicaments, comme les antidépresseurs, ainsi que certaines drogues, comme l’ecstasy et le THC, peuvent augmenter les chances de souffrir de bruxisme, à cause de leurs actions chimiques et leurs effets sur le cerveau.
Il existe également des symptômes ressentis par les bruxeurs; les plus courants sont décrits ci-dessous.
Symptômes
Le symptôme le plus évident de bruxisme est l’apparition de bruits de frottement intenses et fort désagréables provenant d’une personne endormie qui bruxe. Étant donné que ces bruits sont entendus par une tierce personne, on l’appelle un symptôme indirect, car la personne qui souffre de bruxisme n’est pas celle qui peut le déceler.
- Sensibilité des dents, là où elles entrent en contact ensemble au repos ou lors de la mastication et de la déglutition;
- Douleurs aux muscles de la mâchoire ou aux ATMs, pouvant aller d’une sensation de raideur ou d’une limitation anormale dans l’ouverture de la bouche jusqu’à une douleur qui irradie vers les oreilles ou dans le visage;
- Maux d’oreilles et acouphènes;
- Douleurs musculaires au cou, aux joues et parfois même aux épaules;
- Maux de tête chroniques, plus particulièrement le matin après une nuit de sommeil;
- Fatigue au réveil, malgré le nombre d’heures de sommeil.
Conséquences dentaires
- Symptôme et conséquence, une usure prématurée de l’émail et/ou de la dentine des dents trahit souvent le bruxisme. Des dents usées sont plus à risque d’être sensibles au froid ou de se fracturer si l’usure est importante.
- Il n’est pas rare de voir des dents tellement usées qu’elles ont perdu tout leur émail où elles se touchent; la couleur jaunâtre qui apparaît à cet endroit est en fait la dentine, la partie de la dent qui se trouve sous l’émail. L’usure dentaire sévère est parfois appelée « brycose ».
- Dépendamment de la santé des dents et de leur usure, il est possible d’observer un détachement de petits morceaux de dents ou l’apparition de fracture dentaire, voire même la mobilité de certaines dents.
- Les prothèses, les couronnes artificielles et les obturations (plombages) sont aussi à risque de s’user ou de se briser sous l’effet d’un serrement ou d’un grincement de dents.
- Lorsque l’usure dentaire est très importante, une atteinte du nerf dentaire ou une nécrose de celui-ci peut survenir, ce qui peut entraîner la dévitalisation des dents usées.
Conséquences sur les articulations temporo-mandibulaires (ATMs)
- Des douleurs et des raideurs aux ATMs peuvent survenir. Elles peuvent être pires le matin et perdurer ou s’accentuer par le stress subi durant la journée.
- Des problèmes rencontrés aux ATMs peuvent se développer avec le temps. Parmi ceux-ci, de simples craquements ou claquements peuvent être entendus lorsque la mandibule bouge. D’autres problèmes, plus graves, peuvent également survenir : une sensation que la mâchoire reste « prise » en position ouverte (luxation d’un condyle), une déviation de la mâchoire inférieure d’un côté lorsque la bouche ouvre ou une arthrose dégénérative de l’articulation.
- Des difficultés à bâiller confortablement peuvent s’installer et le bruxeur peut avoir la sensation que sa bouche n’ouvre plus aussi grande qu’avant.
Autres conséquences osseuses et musculaires
- Dans les cas les plus graves, le bruxisme peut entraîner la destruction de l’os alvéolaire (l’os dans lequel les dents sont enracinées) et les tissus mous, tels que la gencive. Le fait de grincer ou de serrer les dents peut donc aggraver une maladie parodontale présente, comme la récession gingivale et le déchaussement dentaire.
- Des douleurs musculaires peuvent survenir dans la région orofaciale, ainsi que dans le cou et les épaules; les muscles peuvent même devenir douloureux au toucher.
- L’hypertrophie des muscles masticateurs qui, à force de se faire solliciter, se développent anormalement, peut survenir, un peu comme les athlètes qui développent les muscles dont ils ont besoin pour performer.
Les solutions au bruxisme
En tout premier lieu, un bruxeur doit être conscient de son problème avant de pouvoir le prendre en charge. Après cette prise de conscience, il doit tenter d’obtenir un diagnostic précis. Plusieurs moyens peuvent être utilisés à cette fin; la polysomnographie (l’étude du sommeil) est la méthode la plus fiable, mais elle n’est pas nécessaire dans une grande partie des cas.
Après avoir reçu un diagnostic de bruxisme de la part d’un professionnel, la personne qui bruxe doit tenter d’en déterminer la cause. Parfois, selon les symptômes et la cause de la maladie, une approche multidisciplinaire peut être nécessaire. Les professionnels de la santé qui peuvent alors être utiles sont l’oto-rhino-laryngologiste (ORL), le psychologue, le neurologue, le pneumologue, le physiothérapeute, etc.
La plaque occlusale faite sur mesure
La plaque occlusale est faite sur mesure au cabinet dentaire à partir d’empreintes dentaires prises du patient. Ces empreintes servent à fabriquer des modèles des dents et ensuite, la plaque articulaire en tant que telle.
La fabrication des modèles et de la plaque peut être effectuée sur place ou dans un laboratoire externe. Dans un tel cas, deux rendez-vous sont nécessaires : le premier pour prendre les empreintes et le deuxième pour la mise en bouche et l’ajustement de la plaque.
La plaque occlusale pour empêcher les dents supérieures de toucher les dents inférieures
Le but recherché de la plaque occlusale est d’empêcher les dents supérieures de toucher les dents inférieures. L’impossibilité de les mettre en contact prévient les dommages pouvant être causés par le serrement ou le grincement de dents.
Il existe une panoplie de modèles de plaque occlusale pour répondre à la dentition, l’occlusion et à la physionomie des bruxeurs.
Il est à noter qu’une plaque articulaire ne guérit pas la cause ni les conséquences du bruxisme, mais elle agit à titre préventif. Elle permet aux muscles de la mâchoire de se relâcher et ainsi faire diminuer la pression exercée sur les ATMs. Avec le temps, le réflexe de grincer des dents peut disparaître et le serrement ne peut plus faire autant de dommages.
D’autres solutions au bruxisme
Les autres solutions se caractérisent selon qu’elles tentent de prévenir le phénomène du bruxisme ou de diminuer les dommages ou les inconforts ressentis par le bruxeur.
Réduire le grincement des dents par la relaxation
Dans le cas où le stress est potentiellement en cause, le bruxeur dispose de différentes solutions pour espérer remédier à la situation. Le stress et l’anxiété peuvent être gérés et contrôlés avec des techniques de relaxation comme le yoga, la méditation et aussi par des séances de psychothérapie ou d’hypnose. Ces techniques impliquent un investissement de temps et parfois d’argent de la part du bruxeur, mais elles peuvent remédier ou améliorer le bruxisme de façon durable.
Adopter un environnement calme dépourvu de bruit dans la chambre à coucher peut aider à minimiser les épisodes de bruxisme.
L’acupuncture est efficace pour contrer le stress et l’anxiété et peut être d’une grande aide dans la prise en charge du bruxisme, tant chez l’enfant que l’adulte
Éviter de mâchouiller des objets
Afin de ne pas habituer les muscles masticateurs à être en fonction en dehors des périodes de repas et de collation, il est conseillé d’éviter de mâchouiller des objets qui ne sont pas de la nourriture (ex : des crayons, des stylos, des pailles, etc.) ou de mâcher de la gomme. Entretenir l’action de mâcher durant le jour peut accentuer le besoin de serrer les dents la nuit.
Réduire les substances stimulantes, l’alcool et la caféine
Les substances stimulantes peuvent contribuer au bruxisme, de là l’importance de ne pas fumer avant d’aller au lit ou de consommer de l’alcool (bière, spiritueux, vin) ou de la caféine sous toutes ses formes (café, boissons énergisantes, boissons gazeuses, chocolat, etc.) quelques heures avant l’heure du coucher.
Procéder à des exercices d’étirement des muscles masticateurs
Dans le cas où la cause du bruxisme n’est pas psychologique, il existe des solutions pour en minimiser les impacts négatifs, selon que les dommages sont déjà apparents ou non. Par exemple, des exercices d’étirement des muscles masticateurs afin de les relaxer peuvent aider à diminuer la pression exercée lorsqu’un bruxeur serre les dents.
Appliquer un vernis sur les dents pour les désensibiliser
Lorsque l’usure des dents est importante, un professionnel de la santé buccodentaire peut appliquer un vernis sur les dents pour les désensibiliser et diminuer l’inconfort du bruxeur. Des gels fluorés peuvent également être appliqués par le patient qui bruxe dans le cadre de ses soins d’hygiène effectués à domicile.
Faire appel à certains relaxants musculaires
Les médicaments qui régularisent le sommeil sont contre-indiqués pour enrailler le bruxisme, car les résultats obtenus dans des études concluent qu’ils ne sont pas vraiment utiles. Par contre, certains relaxants musculaires peuvent être utilisés, à la condition d’en parler au préalable avec un médecin ou un pharmacien afin d’éviter d’en devenir dépendant.
Introduction d’activités calmantes dans la routine quotidienne
Chez les jeunes enfants, l’approche privilégiée est l’introduction d’activités calmantes dans la routine quotidienne, afin de diminuer leur anxiété et leur hyperactivité. Dans certains cas, il est possible pour un enfant de porter un protecteur buccal; la plaque articulaire fabriquée pour s’ajuster parfaitement à la dentition n’est pas recommandée en bas âge, car la dentition d’un enfant est en constante évolution.
Un traitement orthodontique
Un traitement orthodontique pour corriger une malocclusion dentaire peut diminuer les effets néfastes du bruxisme.
Injecter une toxine botulique dans les muscles masticateurs
Une technique encore émergente consiste à injecter une toxine botulique dans les muscles masticateurs les plus puissants. La substance injectée permet de réduire la force musculaire exercée pendant les épisodes de bruxisme, limitant ainsi les dommages subis par les dents et les tissus qui les entourent. Les résultats à long terme sont cependant encore à déterminer.
Conclusion sur le bruxisme
Aucune méthode de traitement ne peut garantir d’enrayer le bruxisme de façon permanente, étant donné que c’est une habitude inconsciente. Les professionnels de la santé buccodentaire peuvent cependant prendre en charge un patient qui en souffre afin de limiter les dégâts qu’il peut causer à moyen et long terme.